Elle invite à une promenade dans une sélection, parmi une foule d'événements passés, mais aussi à une réflexion sur le présent et les luttes à poursuivre.
En effet, la me?moire et l'histoire, le passe? et les images qu'on en retient, les re?cits, les livres, les films sont un socle sur lequel, sans y penser, nous avanc?ons. Sans nous de?finir entie?rement, il colore nos opinions, nos affects et nos choix de vie. Il nous offre des mode?les qu'on a envie de suivre, et des repoussoirs qu'on voudrait n'avoir jamais connus.
Or, les femmes sont quasi absentes de l'histoire telle qu'elle est transmise. Elles sont la moitie? de l'humanite?, mais quelques maigres pourcents de ce qu'on en raconte - et encore, ces quelques intrusions des femmes dans les re?cits sont souvent de?nigrantes, et plus attentives a? leur rapport a? un homme - pe?re, fils, mari, amant - qu'a? leur action politique, ou leur apport a? la science, a? l'art ou a? la pense?e humaine. Ce manque d'e?paisseur historique joue un rôle important dans le sentiment d' « inconsistance » du fait fe?minin que nous ressentons tou-te-s confuse?ment, quel que soit notre sexe.
Car cette histoire est loin d'être line?aire. Elle est seme?e de stagnations souvent, d'acce?le?rations parfois, et même he?las de reculs. Elle peut aussi pre?senter des paradoxes : les femmes du Moyen âge e?taient mieux inse?re?es professionnellement, et donc financie?rement plus autonomes que celles du XXe?me sie?cle, mais de moins d'instructions et de droits civils. Elle ne peut pas être de?tache?e des ine?galite?s sociales : l'histoire n'avance (ou ne recule) pas au même rythme pour les ouvrie?res, les paysannes, les bourgeoises, les domestiques, les prostitue?es. Elle peut être contredite par des environnements socio-culturels, des valeurs, des re?sistances et des rapports de force : l'e?galite? salariale est une obligation le?gale depuis 1975, mais dans les faits les discriminations sont toujours massives.