Les facteurs clés de résilience individuelle et communautaire
Les facteurs clés de résilience individuelle et communautaire
Mai 2024, par Elie Wattelet, écopsychologue, co-coordinateur du Réseau d’écologie sensible et co-auteur de Reliance, Manuel de transition intérieure, éd. Actes Sud (voir p.32)
Un article du magazine Symbioses n°140 : Futur incertain - Anticiper et s’adapter
La pluralité des facteurs montre que la résilience n’est pas qu’affaire de personnalité, de traits individuels ou communautaires figés. C’est un processus, une sorte de « magie ordinaire », qui peut néanmoins être renforcé avant, pendant et après les chocs, grâce à des stratégies de soutien adéquates.
Avant tout, rappelons ce qu’est la résilience. « La résilience est, pour le dire simplement, la capacité des individus et des communautés à faire face et à s’adapter à des bouleversements graves et à des événements traumatiques. Elle est induite par des facteurs internes et externes. Elle ne peut se réduire à des caractéristiques personnelles, car elle est le résultat d’un processus multifactoriel. Elle est tributaire d’interactions entre les dimensions individuelles, affectives, contextuelles et environnementales qui évoluent dans le temps. » (1)
Bref… c’est complexe ! Il ne s’agit pas d’accepter la catastrophe, mais de réduire son impact et de rebondir. Danielle Maltais est docteure en sciences sociales et spécialisée en « Événements traumatiques, santé mentale et résilience » à l’université du Québec à Chicoutimi. Elle a résumé dans un livre collectif (2) les facteurs clés de résilience individuelle et communautaire.
> Lire l'article d'Elie Wattelet "Du déni à la résilience"
Résilience individuelle:
Les facteurs de résilience et de protection les plus souvent mentionnés :
- La stabilité et la cohésion familiale.
- L’accès à un soutien social et communautaire.
- Les ressources personnelles : sécurité de l’emploi, revenus suffisants…
- La présence d’une spiritualité qui aide à créer du sens sur les événements et les replace dans une vision existentielle plus large.
- Les traits de la personnalité : confiance en soi, sentiment de sa propre valeur, sens de l’humour, stabilité émotionnelle, capacité d’initiative et de créativité, souplesse face aux changements, résistance aux stress.
- La relation aux autres : ouverture, altruisme, autonomie.
- Les attitudes face à la catastrophe, pendant et après : accès et recours à des mécanismes psychologiques défensifs d’urgence, acceptation de l’aide, participation aux efforts d’adaptation, capacité à intégrer psychiquement l’événement traumatisant et à donner du sens à ses blessures physiques et psychiques, partage de l’expérience avec d’autres.
Résilience communautaire:
La résilience communautaire se définit comme l'habileté d’une communauté à prendre en considération ses vulnérabilités et à développer ses capacités à :
- Prévenir et se préparer à d’éventuels traumatismes.
- Résister et diminuer les impacts d’un incident critique.
- Restaurer et/ou améliorer son niveau d’autosuffisance ainsi que son niveau de santé et de fonctionnement social après un incident critique.
- Utiliser les expériences passées et consolider les connaissances acquises pour renforcer ses capacités à faire face au prochain événement critique.
Les niveaux et les composantes de la résilience des communautés sont de plusieurs ordres :
- La santé physique et psychologique ainsi que le bien-être social et économique de la population.
- L’accessibilité à des services de santé et sociaux de qualité.
- Un capital social fort et vivant, qui englobe les interactions, les liens et les réseaux, formels et informels, à plusieurs niveaux : famille, ami·es, voisinage, quartier, etc. Il est renforcé par l’attachement au lieu de vie et la relation affective au territoire, le sentiment d’appartenance à une communauté, la participation à la vie sociale et aux activités de cette dernière.
- Le soutien apporté aux individus et à la communauté pour les aider à assumer leurs responsabilités en termes de préparation et de rétablissement (connexion et cohésion sociale).
- L’éducation et la participation du public – en particulier des individus, des groupes marginalisés et des populations sous-représentées – concernant la préparation, les risques et les ressources avant, pendant et après un incident critique, de sorte que les communautés soient capables d’acquérir, de mobiliser et de distribuer les ressources efficacement.
- Une communication claire, effective, précise et opportune à travers divers canaux et médias.
(1) M.M Egger, T. Grosjean, E. Wattelet, Reliance, Manuel de transition intérieure, 2023, Actes Sud, p 414.
(2) Sous la direction de D. Maltais et C. Larin, Lac-Mégantic : de la tragédie… à la résilience, Presses de l'Université du Québec, 2016.