Une analyse de Christophe Dubois et Vanessa Rasquinet - Mai 2024
Quelles politiques permettraient de sensibiliser l’ensemble de la population aux enjeux environnementaux et quels sont les partis qui y sont le plus sensibles ?
Nous avons analysé l’ensemble des programmes des principaux partis francophones – le Parti Socialiste (PS), le Mouvement Réformateur (MR), Ecolo, Les Engagés, le Parti du Travail de Belgique (PTB) et DéFI – pour identifier ce qu’ils proposaient en matière d’éducation relative à l’environnement (ErE). Est-ce que leurs propositions rejoignent ou pas celles émises par les associations et reprises dans le mémorandum du Réseau IDée (lire encadré ci-contre) ?
L’enjeu est de taille. Car si nous voulons devenir climatiquement neutre et préserver la biodiversité, pour ne citer que deux des gigantesques défis environnementaux conditionnant notre futur, il s’agit de revoir rapidement et en profondeur nos habitudes, notre regard, nos compétences et notre rapport à l’environnement. Cela passe notamment par une ErE mieux soutenue par les politiques publiques, notamment au sein de l’enseignement obligatoire et supérieur, ainsi que dans les autres secteurs éducatifs. Cela passe aussi par des associations d’ErE reconnues et mieux financées.
Cela passe enfin par des citoyens qui votent en conscience, bien informés de ce que proposent précisément les différents partis, même s’ils n’ont pas eu le temps ou la ténacité de lire les plus de 2000 pages de programmes. Des électeurs et électrices séduit·es par les idées et les positionnements idéologiques plus que par l’exposition médiatique des candidat·es.
Le Réseau IDée, qui fédère 145 organismes d’éducation à l’environnement en Wallonie et à Bruxelles, a co-construit avec ses membres un mémorandum reprenant 40 mesures clés visant à intégrer l'Éducation relative à l'Environnement (ErE) dans tous les secteurs éducatifs.
Découvrez les sur www.reseau-idee.be/memorandum/2024
La prise en compte de la question environnementale et l’expertise en la matière a progressé dans tous les partis par rapport aux programmes électoraux de 2019, comme le confirment plusieurs analystes politiques. Nous pouvons nous en réjouir. Mais cette meilleure considération de la question environnementale n’est pas la même dans tous les partis, tant au niveau du poids donné à ces questions qu'au niveau des orientations idéologiques. En témoignent leurs réponses aux 38 propositions que leur a envoyées le mouvement environnemental. « Quand on leur demande leur avis par rapport aux propositions faites par les ONGs, les 4 partis de gauche et du centre (PTB, PS, Ecolo et Engagés), se montrent tendanciellement favorables à l’ensemble des mesures, analyse Canopea. Les deux partis de droite (MR, Défi) se déclarent plus mitigés, au nom d’une atteinte au libre choix des individus ou d’un manque de réalisme. » Cette tendance se confirme également lorsque l’on regarde le champ spécifique de l’éducation relative à l’environnement, comme vous le découvrirez dans notre analyse.
Pour les socialistes, il n’y aura pas de durabilité sans justice sociale et sans implication forte de l’État. Ils en appellent à une « planification écosociale et durable » et misent davantage sur les réglementations que sur la responsabilisation des individus.
Extrait de leur programme : « Nous voulons sortir de la logique de surproduction, de surprofit et de surconsommation pour garantir à la fois les droits fondamentaux et un avenir durable pour la planète. Une telle dynamique nécessite d’opter pour la planification écosociale, en donnant la priorité à la satisfaction des besoins essentiels des populations et à la protection des plus vulnérables, tout en s’assurant de la stabilisation du climat, des écosystèmes et des ressources. »
L’eau, la biodiversité, le sol et l’air ne sont pas vus comme une ressource à exploiter mais comme des biens communs à préserver. PTB et Ecolo ne disent pas autre chose (même s’ils diffèrent dans leur vision de la gestion de ces communs), au contraire du MR (pour qui « la défense du droit de propriété est un principe fondamental »).
Une question reste en suspens : que choisirait le parti socialiste si, dans certains secteurs, il fallait choisir entre protection de l’emploi et protection de l’environnement ? Les décisions du précédent gouvernement, dans le domaine aérien par exemple, semblent y répondre.
La défense et la sensibilisation à l’environnement sont évidemment au cœur des priorités du parti écologiste, se revendiquant de l’écologie politique. C’est la colonne vertébrale de leur programme. Les verts rappellent également que « la justice sociale est au cœur des défis écologiques ». Il reste le parti qui se montre le plus favorable aux propositions des associations environnementales. Très attachés à la participation citoyenne et à une redynamisation de la démocratie, ils proposent un nouveau pacte social-écologique, fruit d’un large débat démocratique, qui intègre les nouveaux risques sociaux et les besoins fondamentaux à couvrir.
Parallèlement à leur changement de nom (et à leur passage dans l’opposition), Les Engagés disent avoir opéré « une mutation ». La prise en compte des enjeux environnementaux en ferait partie. Les questions et propositions environnementales prennent une place conséquente dans leur programme, dès l’intro et dans plusieurs chapitres. « Nous devons réapprendre à prendre soin, de soi, des autres, de la planète », affirment-ils, ne laissant plus ce discours au seul parti Ecolo. Pour les ex-CDh, on doit assumer que demain on devra vivre autrement et « aspirer au changement en modifiant nos priorités ».
Tout en étant opposés au concept de décroissance, ils veulent « basculer vers un autre modèle économique de la qualité et non de la quantité », « réduire nos consommations énergétiques, par la sobriété de nos comportements et l’efficacité des technologies. (...) Stop à la société de surconsommation, du gaspillage et de l’accumulation des biens matériels ». Comment changer les choses ? Ils misent sur le volontarisme, veulent sortir du dogmatisme dont certains accusent les verts, pour obtenir l’adhésion populaire. À l’image de leur proposition de Taxe pour la Valeur Environnementale et Sociale, ils ne veulent pas « opposer l’économie et l’écologie, mais faire ensemble ».
« Trois priorités, trois valeurs que nous voulons défendre et incarner : l’épanouissement, le bien commun et la transition écologique », peut-on lire dès l’introduction du programme, qui parle aussi de « régénération du vivant ». Le président Prévot a pourtant développé trois autres thèmes lors de son meeting de début de campagne : la santé, le pouvoir d’achat et la sécurité.
Le PTB déclare que le climat est l’une de ses 4 priorités. Sur 54 chapitres, 7 sont consacrés à la « politique climatique sociale » et 5 à la nature et à l’environnement. Néanmoins, les questions environnementales sont moins développées dans leur programme – qui est également beaucoup plus court – que chez Ecolo, Les Engagés ou au PS. Ils abordent très peu l’éducation à l’environnement, ce qui pourrait sembler logique, puisqu’ils veulent surtout s’attaquer aux grandes entreprises et misent avant tout sur une intervention forte de l’État. Pour le parti marxiste, ce sont les grandes entreprises et les producteurs qui sont les uniques responsables du désastre écologique, pas les consommateurs.
En matière d’environnement comme en beaucoup de choses, les libéraux souhaitent diminuer le rôle régulateur de l’État. « C’est dès aujourd’hui notre responsabilité de travailler, d’innover, de bousculer afin de s’affranchir de règles excessives » (p. 1 de son programme). C’est d’ailleurs le parti qui adhère le moins aux propositions des ONG environnementales (10/38).
Pour eux, la résolution du problème climatique viendra de la technologie et des ingénieurs. Il ne faut pas tant réduire notre consommation d'énergie et de biens, mais plutôt accompagner l’augmentation de notre consommation par des productions décarbonées. C’est ce que le président Georges-Louis Bouchez appelle le « triangle vertueux » (cfr. Déclic-Le tournant) : développement économique, libertés individuelles et respect de l’environnement. Ce dernier aspect semblant cependant conditionné aux deux premiers.
Davantage présent à Bruxelles, le « parti du libéralisme social » propose « une écologie pragmatique, qui réconcilie économie, environnement et libertés ». L’un des 5 axes de leur programme (le plus gros, 100 pages sur 300 pages au total) est donc intitulé « concilier développement durable, économie et liberté ».
Parmi les mesures prioritaires de son mémorandum, le Réseau IDée propose d’inscrire davantage d’éducation à l’environnement ·dans tous les référentiels scolaires, sous forme d’un véritable Parcours d’éducation à la nature, à l’environnement et au climat, tout au long de l'enseignement obligatoire. Ce continuum ne doit pas être un « cours supplémentaire » mais bien un aménagement des contenus et dispositifs existants (ou à créer) de manière à constituer un continuum lisible au sein des référentiels et s’adressant à tous les élèves. De quoi garantir un apprentissage cohérent et systémique des enjeux du développement durable, pour tous les élèves. De quoi répondre aussi aux attentes des jeunes, qui sont 91% à réclamer davantage d'éducation à l'environnement dans leurs cursus scolaires (selon une étude du Forum des Jeunes).
Nous leur avons posé la question, au sein d’un questionnaire contenant 38 propositions de diverses ONG environnementales (voir l’analyse complète de Canopea).
Les partis se sont positionnés de « tout à fait favorable » (5/5) à « tout à fait défavorable » (1/5), en argumentant leur évaluation.
En synthèse, tous les partis se déclarent favorables à ce parcours d’ErE au sein de l’école, sauf le MR, qui y voit un risque pour le pluralisme démocratique. Cette crainte de former des militants écolos avait déjà été exprimée par les libéraux dans une question parlementaire durant la législature. Un peu comme si on craignait qu’apprendre le fonctionnement de l’économie ne transforme les élèves en traders...
« L’éducation au climat et à l’environnement fait déjà partie des référentiels scolaires. Il serait intéressant d’examiner la possibilité d’en faire un parcours d’éducation à part entière. »
Les socialistes sont davantage prolixes dans leur programme et proposent une série de mesures visant à « ancrer l’école dans la transition écosociale », dont plusieurs rencontrent les propositions des associations d’ErE : en matière de bâtiments scolaires, de végétalisation des écoles et de partenariats écoles-associations.
« Outre les référentiels scolaires qui incluent désormais l’éducation à l’environnement, à la santé et à l’alimentation, ce sont tous les aspects de la vie scolaire qui doivent être concernés par la problématique écosociale et l’entièreté de la communauté qui doit s’approprier de nouveaux modes de fonctionnement et de nouveaux objectifs allant dans un sens plus social et plus environnemental. A cet égard, le PS propose de :
Voici comment les verts répondent à notre question : « Nous voulons tourner l’enseignement vers ces enjeux pour former des citoyen.ne.s conscient.e.s et critiques sur les questions du changement climatique et des limites planétaires. Nous intégrerons les questions d’environnement, de biodiversité et du climat de façon interdisciplinaire tout au long de la scolarité, à travers les référentiels du tronc commun et ceux de l’après tronc commun. Cette éducation doit passer par la pratique durant le parcours scolaire des élèves : nous soutiendrons des actions concrètes en faveur du climat et de l’environnement : chaque école volontaire sera soutenue pour intégrer dans son projet une ou plusieurs dimensions environnementales (zéro déchet, mobilité active et partagée, biodiversité à l’école…). Pour cela, nous voulons accompagner les enseignantes et enseignants dans leur formation continue sur ces enjeux sans rogner sur les besoins en formation actuels. »
Ecolo est probablement le parti politique qui a le plus de propositions précises en matière d’ErE. Le parti écologiste a intégré dans son programme les 5 priorités du secteur de l’ErE : renforcement des questions liées à la biodiversité et au dérèglement climatique dans tous les secteurs éducatifs (enseignement obligatoire, supérieur, éducation permanente, jeunesse, etc.), via les référentiels, la formation initiale et continue, les plans de pilotage, l’école du dehors, les partenariats écoles-associations, le soutien financier aux associations d’ErE, la diminution de la charge administrative, les heures de coordination de projets, etc.
(...) A travers les programmes d'études, nous diffuserons les connaissances scientifiques sur le dérèglement climatique et la destruction de la biodiversité, ses causes et ses conséquences, au sein des écoles et des établissements d’enseignement supérieur, toutes filières confondues. Les thématiques environnementales devront être abordées de manière décloisonnée pour mettre en évidence l’interdépendance des aspects économiques, écologiques et sociaux. Nous le ferons également par le biais des organisations de jeunesse et du monde socio-culturel. Nous soutiendrons plus fortement le secteur de l’éducation permanente et de l'éducation à l'environnement.
Les Engagés se disent également tout à fait favorables à l’instauration d’un continuum en éducation relative à l’environnement tout au long du cursus scolaire, de manière obligatoire : « Nous sommes totalement en phase avec cette affirmation et notre programme le souligne d’ailleurs clairement : “Profiter de l’intégration claire de la thématique de la biodiversité dans les nouveaux référentiels du tronc commun pour intensifier la transmission des savoir et savoir-faire relatifs à l’éducation relative à l’environnement dans les écoles, sensibiliser davantage le public tous secteurs confondus dans les formations initiales et promouvoir davantage une approche systémique et transversale aux différents niveaux et dans les différentes filières ». Nous visons en outre des actions concrètes : « Favoriser les projets éducatifs de plantations (ex. Tiny Forest) en impliquant les élèves dès le début afin de les sensibiliser à la conservation de la biodiversité qui les entoure dès le plus jeune âge » ; « Renforcer le soutien aux initiatives associatives et éducatives visant à reconnecter la population à la nature telles que les « Défis Biodiversité » qui émergent dans les communes afin de créer une émulation locale autour de la biodiversité. »
Le parti centriste dit vouloir « renforcer la place occupée par les enjeux climatiques dans l’enseignement obligatoire et supérieur ainsi que dans la plupart des formations qualifiantes ». Son programme rencontre plusieurs demandes du secteurs de l’ErE en lien avec l’école (l’enseignement étant l’une des priorités historiques du parti) : davantage d’environnement dans les référentiels scolaires post tronc commun (de la 4e à la 6e secondaire), dans les formations initiales et continues des enseignant·es, une approche transversale, l’amélioration énergétique des bâtiments…
« Nous sommes favorables au renforcement de l’éducation à l’environnement tout au long du cursus scolaire. Rendre la nature plus accessible de façon respectueuse ira de pair avec une sensibilisation du public, dès le plus jeune âge, à l’importance de la préservation de la biodiversité, via des programmes éducatifs, et tout au long de la vie au sein des formations professionnelles. Selon nous, les établissements d’enseignement, les scientifiques et le monde associatif doivent être impliqués dans ce renforcement de la pédagogie au sujet de l’environnement. »
Ce positionnement général du PTB, bien que peu précis, rejoint les attentes des associations d’ErE. Dans leur programme, ils proposent de réformer les cours et d’encourager les partenariats écoles-associations, en vue de « répondre aux enjeux de la société (explosion des inégalités, crise environnementale…) ».
Les libéraux sont les seuls à s’opposer à davantage d’éducation à l’environnement à l’école, par crainte qu’un environnementalisme envahisse les salles de classes. Ils ne voient pas non plus d’un bon œil l’intervention de certaines associations d’ErE. À la question de savoir s’ils sont favorables à ce que les savoirs et compétences relatifs aux enjeux environnementaux et de durabilité, dont le climat et la biodiversité, soient abordés tout au long de la scolarité, sous forme d’un continuum obligatoire, ils répondent par la négative : « La société fait de plus en plus pression sur l’école pour qu’elle remplisse des missions éducatives de base ou contribue à la construction de la citoyenneté. Dans ce cadre, le MR plaide pour des collaborations cadrées avec des partenaires pointus issus du privé, du secteur public ou du milieu associatif, pour des projets éducatifs spécifiques. Le MR souhaite aussi que le respect du pluralisme démocratique garanti par la neutralité s’applique explicitement au choix des intervenants extérieurs dont l’expertise est sollicitée, afin que ne se développe, dans le cadre scolaire, aucune tribune d’aucune sorte. La transition vers une société neutre se fera avec des écologues, des agronomes, des techniciens ou encore des ingénieurs. Ce sont ces métiers que nous devons mettre en avant pour nos jeunes avant de vouloir infuser de l’environnementalisme dans tous les cursus. »
Étonnés que les enseignant·es et intervenant·es scolaires soient suspecté·es de prosélytisme lorsqu’ils et elles abordent les enjeux environnementaux avec leurs élèves, nous avons interrogé le président Georges-Louis Bouchez. Il confirme et complète : « On surcharge l'école avec de nombreux apprentissages alors que les résultats en français et en math sont très mauvais. Apprenons leur d'abord à lire, écrire et calculer, ils pourront alors s'informer par eux-mêmes, avec un regard critique. D’autant que si l’on enseigne l’écologie, il faut aussi enseigner l’économie et les enjeux sociaux car ces paramètres doivent être pris en compte dans les défis environnementaux. Se limiter à l’environnement uniquement ne permet pas de prendre en compte la pleine complexité du sujet et des actions à mener qui doivent aussi prendre en compte les réalités géostratégiques, économiques et sociales. » Il pourrait donc se montrer ouvert à une éducation au développement durable (croisant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux), « pour autant que l’on réforme les apprentissages de base ».
Dans la partie de son programme consacrée à l’enseignement, le MR cite en effet très peu l’éducation à l’environnement, et lorsqu’il le fait c’est au bout d’une énumération de beaucoup d’autres “éducations à…” (l’esprit d’entreprendre, l’éducation financière, l’éducation aux médias, etc.). Il propose par ailleurs qu’il faille être agréé pour intervenir dans les écoles.
Dans sa réponse à notre proposition d’un parcours d’ErE obligatoire tout au long du cursus scolaire, DéFI se montre favorable mais laconique : « L’intégration de l’éducation à l’environnement au cursus scolaire répond au bagage pédagogique indispensable des générations futures. »
Dans son programme, le parti plaide pour que « l’éducation à l’environnement et au développement durable ne soit plus le parent pauvre de notre enseignement, anecdotique, mais au cœur même des stratégies d’enseignement. »
Les amarantes rejoignent plusieurs propositions de notre mémorandum, en proposant d’intégrer l’ErE DD dans les référentiels, dans toutes les disciplines (y compris l’économie); dans les plans de pilotage des établissements scolaires; et par la mise en place de projets concrets.
« Nous avons besoin d’une pédagogie basée sur le réel afin de motiver davantage les étudiants aux thèmes de l’environnement, du développement durable, de l’économie circulaire et des autres modèles économiques innovants.
DéFI veut dépasser le stade des initiatives ponctuelles pour que l’éducation à l’environnement et au développement durable ne soit plus le parent pauvre de notre enseignement, anecdotique, mais au cœur même des stratégies d’enseignement. L’enseignement du développement durable est un projet de société partagé au niveau mondial, pleinement pris en compte en Belgique, notamment au travers des plans fédéraux de développement durable.
DéFI souhaite que le climat, l’énergie et le développement durable, aussi importants aux yeux des jeunes, soient la base d’apprentissage à utiliser dans de nombreux cours (sciences, mais aussi mathématiques, français, morale, histoire & géographie,...). Par exemple, le concept de développement durable devrait être ajouté dans les cours de citoyenneté.
Concrètement, DéFI souhaite :
Au sein de son mémorandum, le Réseau IDée propose notamment d’accélérer l’intégration de la transition écologique et du développement durable dans les cursus de l’enseignement, en sensibilisant l’ensemble des étudiant·es et de leurs professeur·es aux enjeux climatiques et environnementaux et en les formant à agir dans leur domaine de compétences. Nous demandons aussi un soutien à la recherche en ErE et en EDD, et une amélioration de la gestion environnementale des établissements de l’enseignement supérieur, en y incluant des démarches participatives.
Aucun parti n’aborde la question d’une recherche académique spécifique à l’ErE.
Par contre, ils sont trois (PS, Ecolo et Les Engagés) à vouloir davantage aborder les enjeux écologiques dans les formations de l'enseignement supérieur, de façon transversale, y compris en sciences économiques. Les mêmes partis soutiennent la transition énergétique des bâtiments académiques.
Le MR, DéFI et le PTB, quant à eux, n’évoquent nulle part l’importance d’éduquer aux enjeux environnementaux dans l’enseignement supérieur.
Le PS propose de:
« Favoriser une transition environnementale et sociétale [dans l’enseignement supérieur] :
Selon le Réseau IDée et ses associations membres, chacun·e doit pouvoir bénéficier d’une ErE qui aborde l’ensemble des enjeux écologiques, tout au long de sa vie et sur tous les lieux de vie. Outre l’école, l’objectif est donc de déployer l’ErE dans tous les autres secteurs éducatifs : petite enfance, jeunesse, socio-culturel, éducation permanente... Pour ce faire, chaque professionnel·le de l’éducation non-formelle doit se sentir concerné·e par ces enjeux, outillé·e, formé·e, accompagné·e et soutenu·e, au sein d’un maillage éducatif en ErE à l’échelle du territoire.
Il s’agit également de permettre à tout jeune et tout adulte de faire entendre sa voix en matière de transition socio-écologique et de justice climatique, par la mise en place de lieux d’expression et de participation citoyenne.
Si la plupart des partis consacrent une partie de leur programme aux secteurs précités, tous ne les soutiennent pas avec la même vigueur, et ils ne leur assignent pas nécessairement un rôle en matière de sensibilisation aux questions écologiques.
Ecolo est le parti qui rencontre le plus les propositions du Réseau IDée relatives à l’éducation non-formelle, suivi des Engagés et du PS. Le MR est le parti qui s’en éloigne le plus.
Les socialistes disent « miser sur une politique culturelle d’éducation permanente et de jeunesse pour répondre aux enjeux démocratiques actuels et favoriser la participation citoyenne », notamment pour aborder le dérèglement climatique. Ils citent aussi quelques thématiques pour lesquelles il est nécessaire de sensibiliser la population dans son ensemble: condition animale, qualité des sols, déchets…
(...) Questions de justice sociale, du dérèglement climatique, d’égalité entre les genres, de lutte contre les discriminations, de paix, de renouvellement des pratiques démocratiques : rarement notre société a-t-elle eu un tel besoin de dialogue, d’échange de points de vue, bref d’éducation permanente. La démocratie est l’affaire de toutes et tous.
Ecolo identifie explicitement les secteurs de la jeunesse, du monde socio-culturel, de la culture, des crèches et de la formation professionnelle, comme des acteurs majeurs de sensibilisation aux questions liées à la biodiversité et au dérèglement climatique. Les verts souhaitent accroître les moyens qui leurs sont alloués ainsi que leur maillage territorial.
Ils promeuvent également la pédagogie du dehors ainsi que les projets permettant d’articuler social et écologie.
Par ailleurs, plusieurs de leurs propositions visent à développer la participation citoyenne.
(...) Nous le ferons également par le biais des organisations de jeunesse et du monde socio-culturel. Nous soutiendrons plus fortement le secteur de l’éducation permanente et de l'éducation à l'environnement.
Dans le chapitre consacré à la jeunesse au sein de leur programme, Les Engagés disent vouloir « intégrer pleinement la jeunesse dans le processus décisionnel environnemental, en reconnaissant leurs préoccupations et en valorisant leur engagement ». Ils proposent la mise en place d’un référendum climatique et la création d’un fonds pour les générations futures. Ils évoquent également l’accessibilité à la forêt pour les mouvements de jeunesse, le rôle des aînés en matière de mobilité durable, ainsi qu’une limitation de la publicité.
L'environnement est un enjeu crucial, transversal et intergénérationnel, qui nécessite une approche inclusive et proactive. La jeunesse, particulièrement engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique, a démontré un intérêt et une volonté forts pour des actions concrètes et durables. Reconnaissant cette implication, il est essentiel de leur donner une voix significative dans la prise de décision. Nous nous engageons à intégrer pleinement la jeunesse dans le processus décisionnel environnemental, en reconnaissant leurs préoccupations et en valorisant leur engagement.
Pour y arriver, nous voulons :
Si le PTB dit vouloir donner la parole aux jeunes et soutenir les organisations de jeunesse, il ne mentionne pas précisément la place de l’ErE au sein de ces secteurs.
En matière d’éducation à l’environnement des jeunes, le MR parle davantage de lutte contre les incivilités que de participation citoyenne. Dans son Axe 2, intitulé « Des défis économique, climatique et énergétique relevés avec optimisme et réalisme », en termes d’éducation, les libéraux souhaitent notamment que « les campagnes de nettoyage – parfaitement légitimes – ne laissent pas penser qu’il est normal de polluer. Nous plaidons également pour une politique de sensibilisation qui se centre sur l’éducation des jeunes ». Néanmoins, en matière de participation des habitants, le parti souhaite « mettre en place un nouveau mécanisme, le Conseil d’Aménagement Urbain, afin d’améliorer la participation citoyenne dans la gouvernance urbaine ».
En matière d’éducation (non formelle) à l’environnement auprès des jeunes, DéFI souligne surtout la sensibilisation aux incivilités et à la consommation responsable.
« DéFI souhaite éduquer nos jeunes à une consommation responsable et les sensibiliser aux incivilités tout au long de leur parcours éducatif et pédagogique. L’objectif étant d’assimiler les comportements civiques dès le plus jeune âge. À cette fin, des campagnes de sensibilisation ainsi que des mesures concrètes peuvent être prises dans les écoles, les clubs de sport, les maisons de jeunes, les écoles de devoirs et/ou les quartiers problématiques. La majeure partie de ces mesures peuvent être adoptées en collaboration étroite avec les parents de jeunes. »
Au vu de l’augmentation de la demande de sensibilisation, de formation et d’accompagnement, ainsi que de l’augmentation des coûts, les associations demandent une augmentation de l’enveloppe budgétaire globale allouée au secteur de l’ErE, via des subsides structurels. Un secteur qui emploie plus de 1.000 travailleurs et travailleuses et touche près de 700.000 personnes par an, par des animations, des classes vertes, des stages, des formations ou des campagnes de sensibilisation, autour de thématiques allant de la biodiversité au climat, en passant par l’alimentation, l’eau, l’énergie, l’éco-consommation...
Un meilleur soutien financier est le seul moyen de rendre l’éducation à l’environnement accessible à toutes et tous, partout et tout au long de la vie.
À l'image de l’ensemble du monde associatif, le secteur demande également une simplification administrative et la reconnaissance de la liberté d’action et d’expression, ainsi qu’un dialogue permanent entre pouvoirs publics et associations.
Aucun des partis ne se prononce explicitement sur l’augmentation de l’enveloppe budgétaire allouée au secteur de l’ErE.
Néanmoins, le PS, Ecolo, Les Engagés et le PTB reconnaissent le rôle essentiel du secteur associatif dans son ensemble, et disent vouloir lui assurer un financement pérenne et une liberté d’expression, soutenir les projets innovants, simplifier les procédures administratives.
Sur ces sujets, Ecolo est le seul parti à citer spécifiquement les associations environnementales et à vouloir « soutenir plus fortement le secteur de l’éducation à l’environnement ».
Les Engagés, qui considèrent le secteur non-marchand comme pourvoyeur d’emplois qui ont du sens, ont quelques propositions innovantes : la mise en place d’un système d’échange local entre associations, d’une fiscalité avantageuse ou encore de collaborations entreprises-associations. Il proposent également de « Former tous les parlementaires aux enjeux liés au climat et aux stratégies à mettre en œuvre pour y répondre. »
Le MR est le parti qui s’éloigne le plus des attentes du monde associatif : il souligne davantage le coût budgétaire du soutien aux associations – qu’il conviendrait de limiter – et l’importance d’un cadastre et d’un contrôle accru des subsides. Citant l’exemple du plan Good Move à Bruxelles, il regrette l’influence des associations environnementales dans certaines politiques publiques.
DéFI, lui, n’aborde pas spécifiquement ces questions.
(...) Le secteur associatif constitue un élément fondamental de notre société civile mais, étant donné qu’il s’agit d’un secteur privé, les pouvoirs publics ne peuvent légalement pas couvrir l’entièreté des activités du secteur. Ils peuvent toutefois le soutenir via des financements, sous forme de subsides, et en fixant un cadre favorable à son déploiement.
Il s’agit de garantir l’attractivité des ASBL afin de ne pas décourager les initiatives citoyennes. Dans cette optique, le PS soutient une simplification administrative, un accès aux mesures de soutien à l’emploi et une fiscalité adaptée en matière d’impôt sur les revenus, de volontariat et de dons. Les ASBL doivent également pouvoir faire l’objet de subsides et conserver leur mode de gouvernance. Enfin, le secteur associatif doit pouvoir conserver son caractère non-marchand et être exempt de la logique de compétitivité économique ;
Il s’agit de permettre aux opérateurs d’introduire un dossier unique évalué en fonction de critères d’éligibilité concertés entre les administrations et contrôlé de manière conjointe avec des critères communs ;
Dans cette perspective, il convient également de s’appuyer sur les outils numériques pour alléger la charge administrative qui incombe aux associations ;
Nos priorités :
Une société civile propice à l’engagement citoyen :
(...) Le MR plaide à ce titre pour qu’il soit mis en place à chaque niveau de pouvoir un cadastre des subsides et subventions, actualisé en permanence, comprenant a minima le nom et l’identification complète des bénéficiaires, les montants impliqués, l’objectif précis du subside ou de la subvention octroyés et le bénéfice concret que le citoyen doit pouvoir en attendre et l’évaluation des résultats escomptés ou atteints. (...)
Par ailleurs, une réflexion générale doit être menée pour évaluer les montants globaux affectés à chaque niveau de pouvoir au secteur non-marchand afin (...) d’identifier les missions qui ne relèvent ni directement ni indirectement de missions de service public et, partant, ne justifient pas qu’y soient consacrés des deniers publics.
Une analyse de Christophe Dubois et Vanessa Rasquinet