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Fiche d'activité

L'eau joue à cache cache

©Christine Partoune

Objectif de l’activité

La finalité des activités proposées ici, c’est d’offrir aux enfants plusieurs occasions d’élargir leur connaissance empirique de l’eau dans la nature, qui peut s’avérer pauvre ou absente chez les enfants qui jouent rarement dehors. C’est aussi l’occasion, sur le plan des contenus, de rompre avec des  idées préconçues, comme « l’eau = l’eau sous forme liquide ». (1)


(1) A noter que d’autres idées fausses sont souvent renforcées par des schémas « de vulgarisation », telles que : « une nappe phréatique, c’est un lac souterrain », « l’eau de pluie ou de source est pure », « l’évaporation est principalement issue de l’eau libre (mers, lacs, rivières) », etc. Enfin, beaucoup de ces schémas présentent, par ailleurs, un cycle circonscrit à l’échelle d’un bassin versant et n’intègrent ni le changement climatique ni les impacts directs ou indirects de l’action humaine.

Attendus du référentiel

Le résultat attendu est que :

  • l’eau soit perçue comme une famille aux « mille formes », qui peut passer par différents états physiques et dont la composition chimique est variable ;
  • la complexité de l’origine et du devenir de l’eau visible à un endroit donné soit fixée concrètement dans les esprits des élèves ;
  • les notions fondamentales (voir liste page suivante) soient associées à des expériences et des observations concrètes.

Description de l’activité / déroulement

Effectuer une première sortie après un épisode pluvieux, avec la mission suivante : « y a-t-il de l’eau autour de nous ? Si oui, où ? ». Former des sous-groupes et définir un périmètre d’exploration dans la cour de l’école. Matériel : craies et petits cadres à fixer sur une pique à brochette ou à suspendre, pour indiquer les endroits où la présence de l’eau est identifiée.

Mettre les découvertes en commun et dresser une première liste : flaques, eau de ruissellement sur les murs ou dans la rigole, gouttelettes sur la végétation, sur une toile d’araignée ou sur le mobilier de la cour, buée sur les vitres… Sans doute les enfants vont-ils chercher des traces d’eau liquide « visible ». Faire apparaître cet éventuel filtre d’observation : « Très bien, mais l’eau est une petite coquine qui aime jouer à cache-cache. Il se peut qu’on ne la voie pas, mais qu’on puisse deviner sa présence. Où et comment se cache-t-elle, à votre avis ? Regardons autour de nous. »

Attendre que les élèves trouvent un exemple ou deux d’endroits qui semblent plus humides que d’autres, puis les encourager à repartir en exploration en sous-groupes, à la recherche de cette eau invisible qui imprègne le bois, la terre, certains matériaux de construction, la route, le bas des murs. De l’eau qui laisse des traces de son passage et de sa force, aussi (chenaux sur le chemin ou dans la boue, accumulation de feuilles). Sans oublier l’eau qui abreuve les plantes et les animaux.

Faire également observer le devenir des flaques d’eau : chaque sous-groupe en choisit une et entoure son périmètre à la craie, puis on reprend l’observation un laps de temps plus tard – dépendant de la météo. Comment expliquer la réduction du périmètre ? Où est passée l’eau? (hypothèses : évaporation et/ou absorption). Dans des conditions d’humidité importante, demander aux enfants de fermer les yeux et d’inspirer fortement pour mieux ressentir le degré d’humidité de l’air et comparer avec l’air de la classe. Renouveler cette expérience perceptive à chaque sortie.

Inviter les enfants à se demander comment élargir ce répertoire : aller dans un environnement moins arti-ficialisé, sortir en hiver quand il gèle, sortir après un orage, etc.
 

Structuration

En fonction de la diversité du contexte d’observation et de la saison, l’on va classer les observations et identifier les concepts qui y sont liés.

L’eau qui…

  • s’écoule : ruissellement ;
  • stagne à certains endroits : imperméabilité,saturation ;
  • imprègne les objets, les roches et les sols : absorption, porosité ;
  • pénètre dans le sol : perméabilité ;
  • remonte dans les murs : capillarité ;
  • creuse des sillons dans la terre : érosion ;
  • emporte des objets : transport ;
  • abreuve les plantes et les animaux : absorption ;
  • sèche : évaporation, vapeur d’eau ;
  • forme de la brume ou du brouillard : évaporation, saturation, condensation ;
  • rend l’air humide : humidité atmosphérique, vapeur d’eau ;
  • se retrouve dans les nuages : évaporation, saturation et condensation ;
  • tombe sous forme de pluie, de neige ou de grêle : coalescence et précipitation ;
  • est rejetée par les êtres vivants : évapotranspiration.

Chaque concept sera approfondi via des observations et des expériences (voir aussi ici) sur le terrain ou en classe, plus ciblées, en fonction des questions que les élèves se posent.
 

Exemples :

  • mesurer et comparer la vitesse de séchage de la cour, d’une pelouse, d’un drap, dans différentes conditions météo (température, humidité, vent, ensoleillement) ;
  • mesurer et comparer la perméabilité de différents matériaux susceptibles de composer le sol (2) : terre, pelouse, asphalte, pavé, gravier ;
  • mesurer la quantité d’eau de pluie récupérée dans ne citerne, dans différentes circonstances ; calculer ce qui tombe par m2 sur les toits de l’école ;
  • mettre en évidence et mesurer la teneur et la saturation de l’air en humidité, ainsi que la condensation sur les parois froides (vitres, lunettes) dans différentes conditions de température ;
  • visiter une pépinière pour se renseigner sur la quantité d’eau consommée par différents arbres durant leur croissance et déterminer quelles sont les espèces les plus appropriées pour les jardins ou pour les bords de cours d’eau ;
  • questionner la façon dont les espaces sont aménagés et dont l’eau est gérée, par les humains et par les animaux (par le castor, par exemple (3)).
     

Fixation des apprentissages

  • Inventer des histoires de gouttes d’eau en mobilisant le vocabulaire spécialisé appris, illustrées avec des photos et des dessins.

Christine Partoune, didacticienne en géographie, membre d'Ecotopie-laboratoire d'écopédagogie


(2) Voir l’activité « Comprendre les inondations », Symbioses n°132.

(3) Voir le dossier « À la découverte du castor », éd. Contrat de rivière Ourthe