La finalité des activités proposées ici, c’est d’offrir aux enfants plusieurs occasions d’élargir leur connaissance empirique de l’eau dans la nature, qui peut s’avérer pauvre ou absente chez les enfants qui jouent rarement dehors. C’est aussi l’occasion, sur le plan des contenus, de rompre avec des idées préconçues, comme « l’eau = l’eau sous forme liquide ». (1)
(1) A noter que d’autres idées fausses sont souvent renforcées par des schémas « de vulgarisation », telles que : « une nappe phréatique, c’est un lac souterrain », « l’eau de pluie ou de source est pure », « l’évaporation est principalement issue de l’eau libre (mers, lacs, rivières) », etc. Enfin, beaucoup de ces schémas présentent, par ailleurs, un cycle circonscrit à l’échelle d’un bassin versant et n’intègrent ni le changement climatique ni les impacts directs ou indirects de l’action humaine.
Le résultat attendu est que :
Effectuer une première sortie après un épisode pluvieux, avec la mission suivante : « y a-t-il de l’eau autour de nous ? Si oui, où ? ». Former des sous-groupes et définir un périmètre d’exploration dans la cour de l’école. Matériel : craies et petits cadres à fixer sur une pique à brochette ou à suspendre, pour indiquer les endroits où la présence de l’eau est identifiée.
Mettre les découvertes en commun et dresser une première liste : flaques, eau de ruissellement sur les murs ou dans la rigole, gouttelettes sur la végétation, sur une toile d’araignée ou sur le mobilier de la cour, buée sur les vitres… Sans doute les enfants vont-ils chercher des traces d’eau liquide « visible ». Faire apparaître cet éventuel filtre d’observation : « Très bien, mais l’eau est une petite coquine qui aime jouer à cache-cache. Il se peut qu’on ne la voie pas, mais qu’on puisse deviner sa présence. Où et comment se cache-t-elle, à votre avis ? Regardons autour de nous. »
Attendre que les élèves trouvent un exemple ou deux d’endroits qui semblent plus humides que d’autres, puis les encourager à repartir en exploration en sous-groupes, à la recherche de cette eau invisible qui imprègne le bois, la terre, certains matériaux de construction, la route, le bas des murs. De l’eau qui laisse des traces de son passage et de sa force, aussi (chenaux sur le chemin ou dans la boue, accumulation de feuilles). Sans oublier l’eau qui abreuve les plantes et les animaux.
Faire également observer le devenir des flaques d’eau : chaque sous-groupe en choisit une et entoure son périmètre à la craie, puis on reprend l’observation un laps de temps plus tard – dépendant de la météo. Comment expliquer la réduction du périmètre ? Où est passée l’eau? (hypothèses : évaporation et/ou absorption). Dans des conditions d’humidité importante, demander aux enfants de fermer les yeux et d’inspirer fortement pour mieux ressentir le degré d’humidité de l’air et comparer avec l’air de la classe. Renouveler cette expérience perceptive à chaque sortie.
Inviter les enfants à se demander comment élargir ce répertoire : aller dans un environnement moins arti-ficialisé, sortir en hiver quand il gèle, sortir après un orage, etc.
En fonction de la diversité du contexte d’observation et de la saison, l’on va classer les observations et identifier les concepts qui y sont liés.
L’eau qui…
Chaque concept sera approfondi via des observations et des expériences (voir aussi ici) sur le terrain ou en classe, plus ciblées, en fonction des questions que les élèves se posent.
Christine Partoune, didacticienne en géographie, membre d'Ecotopie-laboratoire d'écopédagogie
(2) Voir l’activité « Comprendre les inondations », Symbioses n°132.
(3) Voir le dossier « À la découverte du castor », éd. Contrat de rivière Ourthe