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Symbioses - Magazine - Editorial

Magazine Symbioses n°84 : Moins de biens plus de liens

Symbioses - Moins de biens plus de liens

En ces temps de crises économiques, sociales et environnementales, ce nouveau dossier de Symbioses met en lumière ces actions, parfois individuelles, souvent collectives, vers plus de sobriété, d'autonomie et de solidarité. Dans les écoles et les quartiers, ce sont autant de pistes vers un autre modèle de société : groupes d'échanges, simplicité volontaire, circuits courts, monnaies alternatives... Pour vivre plus simplement, mais peut-être plus heureux. 

Date de parution : quatrième trimestre 2009

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Editorial

Moins de biens plus de liens

Besoin de simplicité ? Pas si simple...


C'est clair, nous consommons trop. Cette société de surconsommation est à l’origine de dérèglements environnementaux et sociaux désastreux. Pourtant, on connaît la musique. Celle de Souchon : « On nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir, de l’avoir plein nos armoires ». De là à vider nos tiroirs, c’est une autre histoire. On appelle cela « la simplicité volontaire ». Et, à lire ce dossier de Symbioses, les volontaires sont de plus en plus nombreux. Plus heureux aussi. Car cela fait du bien de ralentir la cadence et de vivre sobrement, profondément. Mais soyons francs : c’est pas si simple, la simplicité. Et si l’on parle « d’éduquer à la simplicité », c’est encore plus compliqué.


Car remettre en cause notre niveau de consommation, pour beaucoup, c’est interroger le sens même de nos vies : faut-il travailler plus, pour gagner plus, pour acheter plus ? Répondre non, c’est parfois virer sa cuti. C’est contester le fonctionnement même de notre société, qui repose sur l’augmentation incessante de la production.


Difficile car, sans parler « des dérives du système », le consumérisme fait partie de nous, de notre identité. Nos possessions sont notre passeport social, de plus en plus. Comme l’ado qui affiche ses marques ou l’adulte qui trône au volant de sa bagnole. Il s’agit tantôt d’appartenir au groupe, tantôt de s’en distinguer. Supprimer ces choses, pour beaucoup, c’est mettre au bac son besoin d’intégration.
Avoir pour être. Pour être reconnu. Allez-y, vous, de vanter la frugalité à des jeunes et moins jeunes affamés de reconnaissance, et innondés de publicités.


Puis il faut soi-même être solidement convaincu. Car le jeune aura vite fait de pointer votre jolie voiture, de vous demander si vous, vous n’avez pas de TV, pas de GSM, pas de… Et si c’était justement cela le but ? Qu’il vous interroge, cet élève impertinent. Qu’il vous pose des questions et s’en pose par la même occasion. Que l’on sonde nos paradoxes. Qu’ensemble nous interrogions ce qui fait notre société et ce qui fait notre bonheur : quels sont mes besoins ? Quelles sont les conséquences de nos excès ? La science et la technologie pourront-elles les pallier ? Une croissance infinie sur une planète finie est-elle possible ? Et si les gains de productivité étaient transformés en décroissance de l’effort plutôt qu’en croissance du produit ? En d’autres termes, peut-on envisager une société où on travaillerait moins pour consommer moins ? Que gagnerions-nous et que perdrions-nous ? La croissance est-elle une religion ? Peut-on vivre mieux avec moins ? Y a-t-il des sociétés où l’on vit de la sorte ? Comment se fait-il que mon pantalon vienne de Chine ? Et historiquement, quand est née la « société de consommation » et pourquoi ? C’est quoi « l’obsolescence programmée » ? Mais si les entreprises produisent moins et vendent moins, elles licencient et paient moins d’impôts, quel serait alors l’effet sur les dépenses publiques (éducation, santé, sécurité…) ? Un monde en crise, c’est cela que vous voulez ? Et de chercher ensemble les réponses en géo, histoire, français, sciences, économie, religion, langues… Ou, en dehors de l’école, lors de formations, d’ateliers de savoir-faire, ou de toute autre démarche proposant de vivre d’autres façons de consommer.


Certes, les réponses ne sont pas simples. En termes éducatifs, l’intérêt de la simplicité est d’ailleurs celui-là : toucher à la complexité. Le rôle de l’enseignant et de l’éducateur est alors non de montrer un chemin, mais d’aider l’apprenant à toujours se poser des questions et à déployer son imaginaire pour construire d'autres réalités. D’autres (im)possibles. Serge Latouche appelle cela « décoloniser son imaginaire », condition nécessaire, selon lui pour que « l’autre monde que nous appelons de nos vœux ne ressemble pas trop à celui dans lequel nous vivons ».


Christophe DUBOIS


 

 

Christophe Dubois

Directeur général 

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