Observons la biodiversité telle qu'au service de l'économie et du développement de nos sociétés.
Les services écosystémiques sont les bénéfices offerts par les écosystèmes naturels aux sociétés humaines. Ils rendent la vie humaine possible. La nature et sa biodiversité nous fournissent notre alimentation, de l'eau propre et de l’air « pur », fournissent des remèdes pour lutter contre les maladies, régulent le climat, contribuent à la pollinisation des cultures et à la formation des sols, et fournissent des avantages récréatifs, culturels et spirituels.
Basées sur une vision anthropocentrée de la nature, la notion d’évaluation économique de la biodiversité et des services rendus par la nature est apparue fin des années 1970 avec les travaux de Westman1 mais a pris une ampleur internationale avec l’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire en 2005.
Le concept de « service écosystémique » est un construit social (et non des faits) qui reflète une vision qui est triplement problématique :
Le rapport d’évaluation sur l’estimation des valeurs de la nature et les différentes valeurs de la nature de l'IPBES attribue également 3 grands types de valeurs à la nature :
Or, les services écosystémiques ne se réfèrent qu’aux valeurs instrumentales.
Ils devraient être utilisés comme un outil permettant d’aborder de manière systémique une problématique rencontrée, c’est-à-dire en prenant en compte tous les éléments pertinents dans un espace donné et pour une population donnée. C’est uniquement de cette façon que l’on pourra en tirer les meilleurs bénéfices.
Image : Roue des services écosystémiques WWF. Crédit : WWF
Références:
1 Westman W., How much are nature’s services worth, Science, 197, 960–964, 1977.
Les services écosystémiques représenteraient 125 à 145 mille milliards de dollars par an à l’échelle mondiale, soit plus de 150% du PIB mondial d’après les chercheurs1. Rien que les pollinisateurs fourniraient annuellement 217 milliards de dollars de services écosystémiques irremplaçables pour l’agriculture.
Une évaluation économique exacte est difficile à réaliser car les méthodes d’estimation des prix dépendent du service considéré. Les recherches scientifiques à ce sujet restent lentes et complexes. En outre, il serait incompréhensible de restreindre la valeur de la nature à un élément purement économique.
Cependant, cette évaluation économique de la biodiversité n’est guère prise en compte dans les décisions politiques et économiques, ce qui signifie que l'on n'investit pas assez dans sa protection et sa gestion.
Références:
1 Costanza, R. & al., Changes in the global value of ecosystem services, Global Environmental Change no. 26, 2014, pp. 152–158.
D’après un rapport publié par le WWF en 2023, l’État a investi 855,5 millions d’euros en 2020 en faveur de la biodiversité. Cela représente 0,32% des dépenses totales de l’État et 0,19% du produit intérieur brut (PIB). Mais si la Belgique veut remplir ses engagements en matière de protection de la biodiversité (cf. le Cadre Mondial pour la Biodiversité et la Stratégie européenne pour la biodiversité) à l’horizon 2030, notre pays va devoir investir davantage. En effet, il devrait consacrer 16,3 milliards d’euros pour la biodiversité entre 2021 et 2030, ce qui représente environ 1,63 milliards par an. La Belgique va devoir donc investir en moyenne 603 millions d’euros (0,13 % du PIB) de plus chaque année dans la biodiversité d’ici 20302.
Cette somme est bien inférieure aux subventions accordées par notre pays aux combustibles fossiles, subventions qui représentent en 2020 près de 13 milliards d’euros, ce qui va à l’encontre des ambitions de la Belgique en matière de climat et de biodiversité.
Investir dans la biodiversité n’est plus aujourd’hui un luxe mais une nécessité pour assurer notre survie sur Terre.
Références:
2 Chiffres basés sur l’enquête menée par Trinomics à la demande du WWF. Le comparatif se fait sur les dépenses de base actuelles, qui sont une estimation faite à partir des dépenses pour la biodiversité calculées pour l’année 2020, additionnées aux nouveaux budgets qui ont été accordés à la biodiversité en 2021 et 2022.
Une cause majeure de la destruction de la biodiversité est nos modes de vie et de consommation. Le concept d’empreinte écologique permet d’estimer la pression qu’exerce l’humanité sur les ressources naturelles et les services écosystémiques fournis par la nature.
Cette empreinte mesure la demande que la consommation humaine fait peser sur la biosphère et la compare à la capacité de régénération des écosystèmes.
Pour que nous vivions dans les limites des capacités de notre planète, l’empreinte écologique de l’humanité devrait donc être inférieure à la biocapacité de la Terre. Or, les humains consomment presque autant de ressources écologiques que si nous vivions sur deux planètes Terre (mais avec une grande disparité en fonction des pays - voir Foot Print Network). Cette surexploitation des ressources détériore la santé de notre planète et remet en question la capacité de l’humanité à continuer d’assurer sa propre subsistance.
En conséquence, il est urgent et indispensable de repenser nos modes de production et de consommation pour évoluer vers de nouveaux paradigmes prenant en compte les limites de notre planète. À défaut, nous courons droit dans le mur.
Crédit : Science Photo Library via Canva
Afin de prendre conscience des services rendus par la nature dans la vie quotidienne, d'analyser les dépendances existant entre les activités humaines et la nature, et de réfléchir à des solutions pour réduire son empreinte écologique.
Activité adaptée de 9 à 15 personnes, de min 1 heure.
éd. Fondation La main à la pâte, 2011.
Dans cette activité (scolaire mais adaptable pour des adultes), les participant·es explorent les différents éléments issus de la biodiversité indispensables à notre vie et à notre quotidien, en menant une enquête à la maison, et en analysant ce que l’on mange.
Cela permettra de se rendre compte que la plupart des objets que nous utilisons et des aliments que nous mangeons sont issus de services écosystémiques fournis par la biodiversité.
éd. Global Footprint Network.
Connaître l’impact de notre mode de vie sur l’environnement est souvent un exercice révélateur qui nous aide à prendre conscience des conséquences de nos actes quotidiens.
Le concept d’empreinte écologique permet d’estimer la pression qu’exerce l’humanité sur les ressources naturelles et les services écosystémiques fournis par la nature.
Cette activité simple ne demande qu’un ordinateur connecté à Internet pour permettre aux participant·es de calculer en 5 minutes leur empreinte écologique.
Elle pourra p.ex. être utilisée sur un stand lors d’un événement sur la biodiversité (fête de la nature, salon, etc.).
éd. Colibri, 2017
Les films sont une bonne porte d’entrée pour sensibiliser son public à la thématique de la biodiversité. Poursuivre la projection par un moment d’échange et de débat sur ce qui a été vu permet de réfléchir ensemble, de s’emparer des thématiques qui font et/ou feront la société de demain, d’échanger nos points de vue, etc.
Ce dossier aide à animer un ciné-débat en présence ou à distance. Il offre des guides d’animation pour plusieurs exemples de films, dont il vous sera possible d’adapter facilement les questions et la structure. Plusieurs outils d’animations sont aussi proposés dans cette fiche.
Accessibles gratuitement en ligne, pour aborder la biodiversité et les services écosystémiques :
éd. Office français de la biodiversité, 2021.
La biodiversité, c’est quoi ? C’est la vie sous toutes ses formes et dans toutes ses interactions. Elle se trouve partout, en mer et sur terre, et jusqu’au fond de nos intestins. Et nous en faisons partie ! Cette courte vidéo nous montre les nombreux services écosystémiques que nous rend la biodiversité.
vidéo issue du MOOC Biodiversité, éd. Université Virtuelle Environnement et Développement durable (UVED), 2015.
Dans cette vidéo, sur la base des travaux du Millenium Ecosystem Assessment de 2005, Denis Couvet définit les grandes catégories de services écosystémiques : services de support, services d'approvisionnement, services de régulation et services culturels. Il montre que les évolutions de ces services diffèrent, avec notamment une nette dégradation des services de régulation et, sur cette base, discute de l'arbitrage entre ces services écosystémiques.
résumé à l’intention des décideurs produit par l’IPBES, 60 p., 2019.
Ce résumé du rapport de l’IPBES à l’intention des décideurs contient 29 messages clés et des informations générales sur les contributions vitales qu’apporte la nature aux populations humaines, les moteurs directs et indirects de la perte de biodiversité, les objectifs de conservation et d’utilisation durable de la nature, etc.
communiqué de presse publié par l’IPBES, 9 p., 2022.
Ce communiqué de presse présente les grandes lignes et les chiffres clés de ce rapport de l’IPBES. Ce dernier offre un aperçu, une analyse et des outils pour établir une utilisation plus durable des espèces sauvages de plantes, d'animaux, de champignons et d'algues dans le monde.
résumé publié sur GreenFacts, 2005.
Le rapport a pour objectif d'évaluer, sur des bases scientifiques, l’ampleur et les conséquences des modifications subies par les écosystèmes dont dépend notre survie et le bien-être humain. Il vise à hiérarchiser les actions à entreprendre pour restaurer et conserver notre environnement et pour son utilisation durable par l’humain. Ce résumé, permet de comprendre plus finement les influences des actions humaines sur les écosystèmes
publié par le WWF-Belgique, 35 p., 2023.
Dans ce rapport, le WWF calcule les montants que la Belgique doit dégager pour mettre en œuvre ses ambitions en matière de biodiversité. En effet, investir dans la nature n’est pas un luxe. La perte de biodiversité et l'effondrement des écosystèmes est l'une des plus grandes menaces auxquelles l'humanité sera confrontée au cours de la prochaine décennie.
Solène Houzé, éd. Citoyenneté et Participation (CPCP), 36 p., 2020.
Cette analyse interroge et décortique de manière critique la notion de service écosystémique au travers de sa valorisation marchande. L’autrice met en évidence les biais et les enjeux de la valorisation de la nature par les services écosystémiques. Elle tente également d’approcher ce concept dans un groupe en éducation permanente travaillant sur la question de la protection de la biodiversité.
vidéo issue du MOOC Biodiversité et changements globaux, éd. Université Virtuelle Environnement et Développement durable (UVED), 2020.
Dans cette vidéo, Yunne Shin, directrice de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), présente le Rapport d'évaluation globale de la biodiversité et des services écosystémiques. Véritable synthèse de la littérature scientifique mondiale sur le sujet, ce rapport publié par l'IPBES en 2019 met en évidence l'effondrement actuel de la biodiversité et la dégradation inquiétante des services écosystémiques.
éd. Tilt!, 2021.
Sur la planète, plus de 3 milliards de personnes dépendent de la biodiversité marine et côtière pour subvenir à leurs besoins. Or, cette biodiversité est gravement en danger. Partout, humains et nature sont intimement liés. Et il est impossible de protéger l’un… sans protéger l’autre. Comment concilier activités humaines et biodiversité ? Cette vidéo fait le point sur la question.
épisode du podcast Pour que nature vive, produit par le Muséum national d'Histoire naturelle (France) et Création Collective, 2020
Que vaut le vivant ? La destruction de la nature a-t-elle un coût ? La préservation de la biodiversité génère-t-elle des systèmes économiques vertueux ? Comment économie et protection de l’environnement peuvent-elles agir ? Voilà ce que vous allez explorer dans cet épisode avec Catherine Aubertin, économiste de l’environnement, directrice de recherche à l'IRD et au Muséum national d'Histoire naturelle.
épisode du podcast Pour que nature vive, produit par le Muséum national d'Histoire naturelle (France) et Création Collective, 2022
Notre quotidien est rempli d’offres prétendument illimitées. Cinquante ans après le Rapport Meadows sur les limites à la croissance, nous continuons à refuser l’évidence qu’il y a bien des limites. Mais où sont-elles ? Comment peut-on les voir ? Une fois qu’on les a identifiées, qu’en fait-on ? Réponses dans ce podcast avec Frédérique Chlous, directrice du département Homme et Environnement et professeure en anthropologie du Muséum national d’Histoire naturelle.
Biodiversité et santé sont étroitement liées, dans un spectre allant de notre propre corps à l’échelle planétaire. Comprendre que la biodiversité est à la source de nombreuses découvertes médicales et s’initier au concept de « One Health ».
Qu’est-ce que la nature ? Quelles sont les origines de ce concept ? Tant de questions que les philosophes se sont posées à son propos depuis des centaines d’années… Se questionner sur sa manière d’être au monde.
Le contact avec la nature est source de nombreuses émotions tant positives que négatives. Apprendre à les ressentir, les écouter et les partager pour créer un sentiment de communauté et se sentir appartenir à cette biodiversité.
La crise de la biodiversité est un problème systémique qui demande des solutions systémiques. Comprendre les interdépendances pour aborder la complexité du vivant et l’impact des activités humaines sur la biodiversité.
Comprendre la biodiversité, son importance, ses enjeux, l'évolution du déclin mondial et au niveau de la Belgique, le lien avec le climat, les objectifs internationaux et les solutions en matière de biodiversité.
Utiliser l’approche scientifique pour découvrir la diversité des formes de vie. Comprendre le concept de biodiversité, ses 3 niveaux et l’observer pour identifier ses différentes composantes.
Débattre des mesures à prendre en matière de biodiversité, questionner nos rôles, nos valeurs et nos modes de vie, dans toute leur complexité. C’est comprendre les enjeux politiques et développer son écocitoyenneté.