Observons la biodiversité sous l'angle de nos peurs, plaisirs, émerveillements, au contact de l'environnement.
La relation que nous entretenons avec notre environnement, la nature, sa biodiversité, est empreinte de multiples émotions. À la fois individuelles et collectives, ces émotions couvrent un large spectre : joie, colère, tristesse, dégoût, peur… Comment rester indifférent·e face à la beauté d’un paysage, à un écureuil que l’on croise en forêt, aux adaptations surprenantes des végétaux, mais aussi au déclin rapide de la biodiversité, à la destruction de la forêt amazonienne ou à la perte d’espèces indigènes et de zones naturelles locales ?
Chacun·e ressent ces événements selon sa propre sensibilité, à des intensités différentes. Au niveau individuel, ces émotions participent à ce que certain·es scientifiques appellent notre « identité environnementale / écologique », à savoir la façon dont chacun·e ressent son rapport à l’environnement naturel. Cette identité environnementale influence nos comportements et nos engagements environnementaux.
Ainsi, au niveau collectif, les émotions qui émergent peuvent donner naissance à des mouvements sociaux (tels qu’Extinction Rebellion, les ZAD ou la création d’associations naturalistes) portés par ces mêmes élans émotionnels et cette envie de protéger la nature.
Image : Joanna Macy. Crédit: Adam AvRuskin CC BY-NC-SA 2.0 Deed
Face à ce monde en crise, de nombreuses personnes ressentent de l’écoanxiété (anxiété provoquée par les menaces environnementales qui pèsent sur notre planète), en particulier les jeunes générations. En effet, une récente étude montre que 45% des 16-25 ans souffrent d’écoanxiété1. Cela devient donc un enjeu de santé publique qu’il est important de ne pas négliger et qui doit être pris en charge par les professionnel·les de santé.
Pour répondre à cela, le mouvement de l’écopsychologie a mis en place des pratiques et rituels (par exemple le Travail qui Relie, développé par Joanna Macy2) pour accueillir et mettre en action les personnes qui ressentent des émotions face aux crises écologiques. Ce mouvement fait partie de ce que certains appellent la « transition intérieure ».
Références:
1 Étude réalisée auprès de 10 000 jeunes de 16 à 25 dans 10 pays, publiée dans The Lancet en septembre 2021 : https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3918955 (en anglais)
2 Ecopsychologie pratique et rituels pour la Terre, J. Macy, éd. Le Souffle d’or, 2018 (présenté ici).
L’Éducation relative à l’Environnement (ErE) a fait des émotions une porte d’entrée privilégiée pour sensibiliser ses publics à l’environnement. Passer par le ressenti, les sens, l’émerveillement et provoquer des émotions chez nos publics est une approche utilisée lors de nombreuses animations, et qui est accessible à toutes et tous, quel que soit l’âge.
Cette approche sensible en ErE souhaite provoquer des émotions « agréables » afin de créer des souvenirs agréables qui inciteraient davantage à la protection de la nature. Mais il peut aussi arriver que des émotions dites « désagréables » émergent du ressenti des participant·es, parfois même dans des effusions fortes : colère, tristesse, peur… Ces effusions peuvent aussi mettre en difficulté les animatrices et animateurs qui ne se sentent pas toujours formé·es ni à l’aise face à cela. Comment prendre en compte les émotions de nos publics tout en restant dans une posture juste d’animateur et d’animatrice ? Où placer la limite entre personne qui anime et psychologue ?
Dans le numéro 120 du magazine Symbioses1, le Réseau IDée traite de ces sujets via différents témoignages de terrain que nous vous invitons à lire.
Références:
1 Symbioses 120, Quelle place pour les émotions ?, éd. Réseau IDée, 2018 : www.symbioses.be/consulter/120/
Image: couverture du Symbioses 120, Quelle place pour les émotions ?
Les émotions sont une réaction psychologique, mentale, physiologique et physique à un stimulus extérieur ou intérieur comme une pensée, un souvenir, un ressenti. Souvent, elles sont reliées à une « mémoire émotionnelle » construite depuis notre enfance. C’est pourquoi chaque personne ne réagit pas de la même manière à un événement similaire.
Les émotions servent de signal d’alarme concernant un besoin satisfait (émotions « agréables ») ou non satisfait (émotions « désagréables »). Elles préparent à l’action. Par exemple, la peur signale un besoin de sécurité non satisfait et invite donc à une action permettant de retrouver ce sentiment de sécurité (fuite, affrontement, etc.).
Il est intéressant d’être à l’écoute de ces émotions car elles en disent beaucoup sur nous, sur nos publics et nous permettent ainsi d’adapter nos animations, nos projets pour qu’ils répondent aux besoins de ces derniers.
La proposition de ce pétale est de sortir d’une approche trop cartésienne, trop « mentale » pour inviter nos publics à entrer dans le ressenti, par les sens. Se mettre à l’écoute du groupe, dans la bienveillance, aidera à laisser s’exprimer les émotions ressenties suite à une activité.
Afin de se rendre compte que la nature peut être source d’émotions tant positives que négatives, et écouter, accueillir et partager nos émotions, nos ressentis et ceux des autres.
Activité adaptée de 6 à 20 personnes, dans le cadre d’une balade guidée ou d’une animation « nature », de minimum 1 heure
éd. CRIE de Mouscron, 2023.
Se reconnecter à la nature est devenu un enjeu de société et un souhait partagé par de nombreuses personnes. Passer une nuit à la belle étoile est souvent une expérience marquante pour celles et ceux qui l'ont vécue. Elle procure souvenirs et émotions, elle remet « à sa place » et invite aux questionnements et à une reconnexion à cette nature qui nous entoure, qui souffre et dont nous sommes pourtant intégralement dépendant·es.
Ce petit dossier pédagogique propose des conseils pratiques (matériel, installation, feu, repas) pour passer une nuit de bivouac à la belle étoile et des activités pour observer la faune, affronter sa peur du noir ou encore observer les étoiles.
éd. Notre Nature, 2019.
L’approche sensorielle est l’une des plus utilisées en Éducation relative à l’Environnement et aussi l’une des plus simples à mettre en place, comme ce sentier à effectuer pieds nus. Il permet aux participant·es de (re)prendre contact avec le sol au travers de différentes matières et textures. Ressentir par ses pieds, retrouver des sensations déjà explorées par le passé ou en découvrir de nouvelles pour découvrir la biodiversité autrement.
Le site Notre nature vous propose quelques idées pour construire un sentier sensoriel et vous donne même des adresses pour vivre cette expérience en Belgique.
éd. Laura Berthelot, 2020.
Ces cartes, créées pendant le confinement, proposent des défis afin de prendre le temps d'observer, de sentir, d'écouter, de créer, d'imaginer, d'inventer... Et ce, grâce à tout ce que nous offre la nature ou l'environnement, quelle que soit la météo.
Des petits défis courts et simples à réaliser pour petits et grands.
éd. Educ’Alpes.
Cet outil – axé sur le changement climatique mais adaptable à la biodiversité – est à la fois un dispositif d’accroche et un moyen d’expression des ressentis. Le « porteur d’émotions » est un outil (sous forme d’un grand tableau listant des émotions) qui permet aux participant·es d’exprimer les émotions et les sentiments qu’ils et elles éprouvent face au changement climatique en montagne (adaptable au déclin de la biodiversité), à partir d’une liste préétablie de mots.
Il peut être utilisé comme une activité au sein d’une intervention ou en fil rouge sur un stand, une manifestation, etc. Il peut être exploité avec tout type de public car il touche avant tout l’individu. Aucun besoin de connaissances scientifiques pour l’animer ou y participer !
éd. Office Central de la Coopération à l’École, 2021.
Le photolangage est un outil d’animation qui a notamment pour objectif de permettre aux participant·es de s’exprimer sur un thème en prenant appui sur des images ou des photos. L’expression demandée est personnelle. L’intérêt de cette activité, située en amont ou en aval d’une séquence, est de pouvoir recueillir les représentations initiales ou les ressentis du groupe sur un thème donné. Elle donne un accès égal à la parole, puisqu’il ne s’agit aucunement de donner un point de vue d’expert·e. Elle permet aussi de développer la connaissance interpersonnelle des participant·es.
> Télécharger des propositions de photos à imprimer pour un photolangage sur la biodiversité.
dossier du magazine Symbioses n°120, éd. Réseau IDée, 24 p., 2018.
Joie, colère, tristesse, peur, dégoût… Les émotions sont au cœur de notre relation à l'environnement. Si elles varient selon les thèmes, les personnes, les moments, elles sont néanmoins toujours là, au creux du ventre. Comment l'éducateur, l’éducatrice peut-il ou elle prendre en compte ses émotions et celles de son public ? Quelle limite entre formateur·ice et psychologue ? Comment passer de l'émotion à l'action ? Ce dossier du magazine d’éducation à l’environnement Symbioses propose d’explorer les émotions au travers de réflexions et de reportages de terrain.
Lettre n° 14, éd. Nature Humaine, 17 p., 2014.
Connaître nos fonctionnements émotionnels permet de mieux comprendre notre public et comment on l'impacte. Colère, tristesse, peur : comment aborder nos propres débordements émotionnels et ceux de nos publics face aux enjeux écologiques ? Ces émotions sont envisagées dans cet article au travers d'exemples vécus, complétés de conseils pratiques pour y faire face, avant d'aborder les émotions comme motivations à l'action.
interview d’E. De Bouver dans le magazine Symbioses n°136, éd. Réseau IDée, pp.8-9, 2022.
Est-ce que le fait de vivre régulièrement des animations dans la nature, pour s’y (re)connecter, donne naturellement l’envie et les capacités de s’investir personnellement pour protéger la planète ? Réponses d’Emeline De Bouver, chercheuse à Ecotopie, le « laboratoire d’écopédagogie ».
Joanna Macy, éd. Le souffle d’or, 250 p., 2018.
Travail interdisciplinaire au carrefour de la psychologie, de l'écologie, de l'éducation, de la pensée systémique, au-delà de l'anthropocentrisme, cet ouvrage s'adresse à des animateur·ices, éducateur·ices, formateur·ices et à toute personne souhaitant apporter de nouvelles réponses et pratiques dans le domaine de l'éducation relative à l'environnement. C'est en même temps un ouvrage de réflexion et un manuel pratique contenant des exercices et rituels pour se reconnecter à la Terre.
éd. Virginie Hess et Thomas Meunier, 2023.
Dans ces chroniques vidéo de terrain, Virginie partage sa passion pour la vie sauvage, avec poésie et humour. Thomas l'accompagne dans cette aventure en livrant des images magnifiques… Plongez avec eux dans ce monde fascinant ! De courtes vidéos pour s’émerveiller de la nature qui nous entoure, et à seulement quelques kilomètres de chez nous.
éd. Jonathan Dumas, 2020.
Dans la conservation de la nature, les choix sont difficiles : quelles espèces protéger ? Où ?... Souvent, on met en avant des espèces envers lesquelles on peut facilement avoir de l’affection (panda géant, ours polaire, etc.) et que l’on a donc envie de protéger : les espèces “étendard”. Parfois au détriment d’espèces « parapluie » (dont les besoins convergent avec un grand nombre d’espèces) ou d’espèces « clé de voûte ». Cette courte vidéo fait le point sur ces différentes notions et leur rôle dans la conservation de la biodiversité.
La crise de la biodiversité est un problème systémique qui demande des solutions systémiques. Comprendre les interdépendances pour aborder la complexité du vivant et l’impact des activités humaines sur la biodiversité.
Comprendre la biodiversité, son importance, ses enjeux, l'évolution du déclin mondial et au niveau de la Belgique, le lien avec le climat, les objectifs internationaux et les solutions en matière de biodiversité.
Utiliser l’approche scientifique pour découvrir la diversité des formes de vie. Comprendre le concept de biodiversité, ses 3 niveaux et l’observer pour identifier ses différentes composantes.
Débattre des mesures à prendre en matière de biodiversité, questionner nos rôles, nos valeurs et nos modes de vie, dans toute leur complexité. C’est comprendre les enjeux politiques et développer son écocitoyenneté.
La biodiversité fournit de nombreux services aux sociétés humaines et alimente nos économies. Comprendre ce qu’est un service écosystémique, son intérêt et ses limites pour conscientiser l’impact que l’humain a sur son environnement.
Biodiversité et santé sont étroitement liées, dans un spectre allant de notre propre corps à l’échelle planétaire. Comprendre que la biodiversité est à la source de nombreuses découvertes médicales et s’initier au concept de « One Health ».
Qu’est-ce que la nature ? Quelles sont les origines de ce concept ? Tant de questions que les philosophes se sont posées à son propos depuis des centaines d’années… Se questionner sur sa manière d’être au monde.