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Quelles mesures pour la transition énergétique ? L'opinion des Belges

Août 2023, par Christophe Dubois
Un article du magazine Symbioses n°137 : Prêts pour la révolution énergétique ?

Quels sont les besoins, préoccupations et solutions exprimés par les Belges face aux crises climatique et énergétique ? Plusieurs enquêtes et initiatives démocratiques récentes ont creusé la question. Rapide tour d’horizon.

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Pour limiter le dérèglement climatique et espérer rester sous +2 C° de réchauffement global, l’Europe – donc la Belgique – s’est engagée à devenir neutre en carbone d’ici 2050. Et à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030. Nous allons donc devoir sortir des énergies fossiles et consommer moins d’énergie. C’est tout l’enjeu de la transition énergétique. En réalité, une véritable révolution.

D’autant qu’à cette crise écologique s'ajoute une crise énergétique. Les prix s’envolent, les ménages s’inquiètent. Ainsi, selon le Grand Baromètre du Soir, plus de huit Belges sur dix indiquent avoir baissé leur chauffage par rapport à l’hiver dernier et surveiller davantage leurs factures (1).

Mais nos concitoyens sont-ils prêts à revoir leur mode de vie dans la durée ? Pour y répondre, le magazine Imagine a demandé à la société Dedicated de réaliser un large sondage (2). Il révèle que 47% des sondé·es estiment que la flambée des prix va durer, mais que nous avons les moyens d’agir. 81% des Belges se disent prêt·es à changer leurs habitudes pour le climat, et 23% d’entre eux sont même prêt·es à les changer « en profondeur ». Surtout les jeunes.

Moins réjouissant : 13% des Belges interrogé·es restent climatosceptiques (et 11% n’ont pas d’opinion).

Mais quelles mesures sont préconisées ?

Le sondage égraine les attentes de nos concitoyen·nes : « Taxer les surprofits des entreprises fossiles », répond sans surprise près d’un·e Bruxellois·e ou Wallon·ne sur deux. Viennent ensuite, pour plus de 40% des répondant·es, « Intensifier le développement des énergies renou-velables » et « Prolonger la durée de vie de deux réacteurs nucléaires à Doel et Tihange ». Un·e Wallon·ne sur cinq préfère néanmoins « maintenir le mix énergétique actuel composé majoritairement de fossiles ».

Et concrètement, pour la mobilité, le logement, la consommation ? Quelques pistes, parfois radicales, ressortent de l'enquête du magazine (voir l’infographie « Niveaux d’adhésion à des mesures fortes », dans l'article L’énergie en chiffres). Elles rejoignent celles d’un autre sondage, mené en août 2022 par la Banque européenne d’investissement (3). Pour 83% des Belges interrogé·es, si nous ne réduisons pas considérablement notre consommation d’énergie et de biens dans les années à venir, nous nous dirigerons vers une catastrophe mondiale. Quelles sont les mesures préconisées ? IIs et elles sont 61 % à donner la priorité à une taxation lourde des consommations d’énergies très polluantes comme celles liées aux SUV et au transport aérien. Et 56 % souhaitent que les prix de l’énergie soient corrélés à la consommation : plus on consomme, plus le prix à l’unité devrait être élevé. Enfin, aux yeux de deux tiers des Belges, la guerre en Ukraine et les prix élevés de l’énergie devraient accélérer la transition écologique.

Participation citoyenne

Au-delà de ces sondages, des citoyen·nes ont également proposé des mesures lors de démarches de démocratie délibérative récentes visant à alimenter les parlements régionaux : le Panel citoyen climat wallon (4), et l’Assemblée citoyenne bruxelloise (5). Chacune de ces initiatives a rassemblé une cinquantaine de personnes (volontaires en Wallonie, tirées au sort à Bruxelles). Accompagnées d’expert·es, elles ont participé à un long processus de délibération et élaboré de très nombreuses recom-mandations envers le politique. Sans rentrer dans les mesures précises, voici un aperçu express de quelques tendances communes :

Priorité à l’isolation des bâtiments. Valoriser les bonnes pratiques écologiques dans le domaine de la construction et de la rénovation. Former et revaloriser les professionnel·les de ce secteur.
Mieux informer les citoyen·nes.
Soutenir les associations d’éducation à la transition énergétique et aux enjeux climatiques.
Produire de l’énergie verte localement et la partager entre les habitant·es.
Encourager la mobilité douce, notamment par la gratuité des transports en commun et des infrastructures adaptées. Supprimer les voitures-salaires et les cartes carburant.

A quoi s’ajoutent des mesures liées à la gouvernance, à l’aménagement du territoire, à la consommation…

C’est certain, de plus en plus de Belges demandent des changements. Ils et elles seraient même prêt·es à accepter des mesures contraignantes. Si les conséquences sont justes et équitables pour toutes et tous (6).

(1) Selon le Grand Baromètre Le Soir-RTL Info-Ipsos-VTM-Het Laatste Nieuws de décembre 2022.
(2) Sondage réalisé en octobre 2022 par Dedicated, à la demande du magazine Imagine, auprès de 2014 personnes majeures issues de la population belge, par internet. Co-financé par des associations partenaires et publié dans le numéro de novembre 2022.
(3) Enquête annuelle sur le climat, BEI, octobre 2022.
(4) Voir la synthèse qu’en a fait le magazine Imagine.
(5) Voir le détail des mesures proposées
(6) Voir les résultats des dialogues sur la transition énergétique avec les personnes vulnérables et les experts, menés en Belgique par la Fondation Roi Baudouin.