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Article Symbioses

Le jeans sous toutes les coutures

Le jeans sous toutes les coutures

Le jeans sous toutes les coutures

Octobre 2025, un article de Sophie Lebrun
Un article du magazine Symbioses n°145 : Fast fashion : un modèle à détricoter

L’animation D’où vient mon jeans ? d’Education Environnement dévoile les impacts socio-environnementaux problématiques de la filière textile. Du champ de coton à nos armoires surchargées.


©vecteezy

Photo ©vecteezy

Un coup d’œil aux tenues des ados et adultes occupé·es à s’installer le confirme, si besoin était : le jeans est omniprésent dans nos garde-robes. Bien moins connu est son circuit de fabrication et de distribution, (presque toujours) multi-continental et parsemé de revers socio-environnementaux. C’est cette filière que vont remonter, ce matin, des élèves de 2e secondaire de l’Athénée Liège 1, au fil de l’animation D’où vient mon jeans ?, donnée par Education Environnement/CRIE de Liège (1).

Partons du concret. Yanko Diakoff, l’animateur, invite d’abord chacun·e à lire l’étiquette du jeans ou d’un autre vêtement porté ce jour-là. Premier constat : la grande majorité de nos habits – pourtant souvent de marques européennes – sont fabriqués en Asie. « Pourquoi là-bas ? » « La main-d’œuvre est moins chère !, répond un élève visiblement bien informé. Il y a moins de règles sur les heures de travail, les salaires, les contrôles et tout ça. » Yanko confirme : dans les ateliers d’assemblage des géants de l’industrie textile, les ouvrier·es bossent souvent 12 heures par jour, 6 ou 7 jours sur 7, dans des locaux surpeuplés, mal éclairés, peu sécurisés, pour un salaire de misère.

Autres questions concrètes : « Combien de jeans possédez-vous ? » et « Combien en portez-vous réellement ? ». Réponse la plus fréquente : un sur deux. Les élèves invoquent la mode changeante, la pub, l’achat irréfléchi, le vêtement imposé (hérité du grand frère)... Au passage, l’animateur rappelle que le jeans est, à l’origine, un vêtement de travail, conçu pour les mineurs et bûcherons. Un vêtement solide, donc, ce qui rend d’autant plus aberrante « la mode de notre époque qui le propose souvent pré-usé, voire pré-déchiré », souligne-t-il.

Une filière qui file un mauvais coton

Ces quelques jalons déjà posés, les élèves, en sous-groupes, retissent le parcours de production et de distribution du jeans, au moyen de photos à replacer dans le bon ordre. Depuis le champ de cotonniers jusqu’à la bulle de collecte de fripes, en passant par de nombreux ateliers – dans différents pays – où sont conçus le fil, le tissu, les boutons et tirettes et le pantalon lui-même, mais aussi la création des modèles, le marketing, etc.

Des cartes « revers de médaille » et des questions posées par l’animateur font émerger divers impacts problématiques de la filière. « Tout ça ?! » Les élèves sont impressionné·es par les ressources englouties (notamment l’eau consommée par la culture intensive du coton), par les pollutions générées (pesticides, produits utilisés pour teindre et traiter le tissu, délaver les jeans, etc.) et par leurs conséquences sur la santé des ouvrier·es et des écosystèmes ; par les milliers de kilomètres parcourus au long de la filière ; et par les inégalités Nord-Sud qui l’émaillent. Après avoir essayé de déterminer comment se répartit, au final, le prix du jeans payé par le/la consommateur·ice, les élèves découvrent, non sans étonnement, que les trois quarts sont absorbés par les sociétés qui commercialisent et distribuent le produit – en s’octroyant d’importantes marges bénéficiaires. Alors que les nombreuses « petites mains » qui le fabriquent, au bout du monde, sont, elles, largement sous-payées (lire L’envers de nos fringues).

Au-delà des constats, comment agir à l’échelle individuelle ? Quelques pistes sont citées au fil de l’animation : réfléchir à ses besoins, acheter en seconde main, choisir un label éthique… Une discussion qui devra idéalement être prolongée en classe. « La filière textile peut être évoquée dans plusieurs cours : sciences, économie, technologie, géographie… », souligne d’ail-leurs l’enseignante qui accompagne la classe.


(1) Classes de P5 à S6. Infos : www.education-environnement.be


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