Du tas de déchets au site incontournable
Du tas de déchets au site incontournable
Septembre 2024, par Christophe Piron
Un article du magazine Symbioses n°141 : Les friches, riche terrain éducatif
Les projets transfrontaliers Destination Terrils développent le tourisme durable au fil des terrils du Hainaut, du Nord et du Pas-de-Calais.
Pendant des années, les terrils, anciens tas de déchets miniers (schistes, grès, etc.), ont suscité peu d’intérêt, voire une forme de rejet – que ce soit en tant que symboles de dur labeur dans les consciences collectives locales, ou en tant que terrains souvent exempts de toute gestion, parfois devenus des dépotoirs. Mais au fil du temps, le regard sur ces espaces peu à peu recolonisés par la nature a changé. Cela, notamment, grâce à des acteurs locaux qui ont saisi l’opportunité de financements européens pour valoriser et animer ces lieux qui possèdent, à y regarder de plus près, de multiples atouts : écologiques, sociaux, paysagers, patrimoniaux…
Dès 2000, une série d’opérateurs – dont les associations CPIE Chaîne des terrils (Pas-de-Calais) et Espace Environnement (Charleroi) – souscrivent à différents programmes européens Interreg, pour étudier et redynamiser progressivement les anciens sites miniers sur un axe franco-belge (1). Entre 2017 et 2022, le projet Destination terrils, financé par Interreg V-a, marque un tournant. Il crée « une véritable stratégie de mise en tourisme durable – au-delà des intentions de type surtout naturaliste. Avec le développement d’un portail web à destination du grand public (2), l’installation d’une dizaine de panneaux d’accueil touristique, et la mise en place d’une formation de guide-terrils (lire ici, p.22) et d’un agenda d’activités », explique Roxanne Drion, de l’association Espace Environnement.
Une offre touristique inclusive
Depuis avril 2024, 20 partenaires – dont cette fois des acteurs touristiques et culturels – ont intégré Interreg VI, sous l’appellation Destination terrils II (2024-2028). Dans ce second volet, toujours axé sur le tourisme durable, un nouvel accent est mis sur les activités culturelles et sur les publics à besoins spécifiques (porteurs d’un handicap).
Dans les cartons de ce Destination Terrils II, une volée de projets (qui concernent un ou plusieurs terrils, selon les cas) : mise en place de mesures favorisant un tourisme durable (multiplication des terrils valorisés pour éviter la surfréquentation, balisage qui invite à ne pas quitter les chemins, etc.) ; signalétique et panneaux d’informations (parfois aussi en braille) ; interventions d’opérateurs culturels (mises en récit incluant les perceptions des habitant·es, balades poétiques, manifestations artistiques…) ; cartes de découverte transfrontalière des terrils (itinérance cyclo-pédestre) ; audioguides ; visites guidées inclusives ; visites virtuelles via des capsules vidéo ; mallettes pédagogiques ; expérimentation d’une gestion collaborative et citoyenne de ces lieux (chantiers participatifs)... « Nous allons aussi organiser des formations continues pour les guides-terrils, ciblées sur l'accueil des publics à besoins spécifiques, et des formations pour les encadrants de ces publics, portant sur les particularités des terrils », souligne Emilien Burlet, de l’association Charleroi Nature, également impliquée dans les projets Destination Terrils.
(1) Les programmes européens Interreg visent à promouvoir la coopération entre les régions frontalières, dans des domaines variés, cf.
www.interreg-fwvl.eu/fr
(2) www.destinationterrils.eu. On y trouve des infos sur les terrils (histoire, enjeux…) et sur le tourisme durable, des fiches détaillant à ce jour 77 terrils français et wallons (d’Auchel à Sambreville), un agenda transfrontalier… Consultez aussi www.facebook.com/Destinationterrils
Photo : Leslie Artamonow – Visit Charleroi