Aller au contenu principal

Article Symbioses

La biodiversité s’expose

La biodiversité s’expose

La biodiversité s’expose

Décembre 2022, par Sophie Lebrun 
Un article du magazine Symbioses 133: Biodiversité, tous reliés


Au Muséum des Sciences naturelles à Bruxelles, l’exposition permanente Planète Vivante explore le foisonnement, les réseaux et la résilience du vivant.

 


« Les réseaux sociaux ? Une invention de la nature ! » C’est le genre de phrase qui titille le visiteur de Planète Vivante, dernière-née des expositions permanentes du Muséum des Sciences naturelles, dédiée à la biodiversité. Une façon de dire que « Tous les êtres vivants ont besoin des autres habitants de la planète pour se développer, pour se nourrir, pour se reproduire. Des relations parfois amicales, parfois mortelles. » Textes accrocheurs, dispositifs interactifs, jeux en bois et films sur écran géant dynamisent cette expo de 2000 m2 constellée d’animaux naturalisés.

Peu d’info, cela dit, dans la première salle. Et c’est voulu. « Juste » un méli-mélo multicolore de centaines d’espèces. « C’est le foisonnement du vivant. Chacun l’aborde avec sa sensibilité, ses émotions, sa curiosité », commente Marie le Polain, guide- animatrice. « En visite guidée avec une classe, je propose un fil conducteur, par exemple les félins, poursuit son collègue Benjamin Dujardin. On les repère, on observe leur diversité, et j’amène, petit à petit, les notions d’espèce, de famille, de groupe. Qui, du guépard ou du lion, est le plus proche du tigre ? La panthère noire et le léopard peuvent-ils se reproduire ? »

S’ensuit un défi : présenter à un extra-terrestre, en une minute, la biodiversité de notre planète. Occasion de constater que c’est surtout le règne animal qui « foisonne » là, dans cette salle. « Et encore, les mammifères et oiseaux y sont largement surreprésentés. » Graphique à l’appui, le guide-animateur rappelle que la biodiversité, c’est aussi – notamment – beaucoup d’insectes (57 % des espèces), des végétaux, des champignons, ou encore des bactéries et des virus, dont certains peuplent notre... intestin. « Ils font partie de notre immunité. On peut parler de co-évolution », souligne Benjamin Dujardin.

Des histoires, des jeux et des joutes

Évolution, adaptation, sélection : ces concepts rythment l’exposition, qui aborde également la diversité d’habitats, de milieux. Mais la partie la plus originale concerne ces fameux réseaux d’interactions et de chaînes (alimentaires, notamment) qui tissent le vivant. Ils sont racontés au fil d’exemples concrets.

On découvre comment la réintroduction du loup – une espèce clé de voûte – dans le Parc de Yellowstone a changé, de fil en aiguille, le cours des rivières. Comment l’impala et le babouin collaborent et s’avertissent mutuellement d’un danger. Ou en quoi l’oiseau piquebœuf joue double jeu avec les grands mammifères (mutualisme et parasitisme). « En marge du parcours, je propose au groupe un jeu sur la loutre et son écosystème, explique Benjamin Dujardin. Chaque participant représente une espèce et, petit à petit, en se lançant une pelote de laine, on crée un réseau des relations (de prédation, coopération...) entre espèces. Puis on discute de ce qui se passe quand on détache un lien. Avec des ados, je lance plutôt une joute verbale : “Faut-il sauver les pandas ?”. Éduquer à l’écologie, c’est aussi apprendre à débattre, à développer et écouter des arguments. »

Last but not least, l’exposition rend hommage à la fascinante résilience du vivant, face à de puissantes perturbations (incendie, ouragan, marée noire ...). Tout en montrant que cette capacité à se reconstruire a ses limites. « Le problème, c’est l’intensité et surtout le caractère répétitif des catastrophes provoquées par l’humain. »

La « patte » de l’humain

L’humain, parlons-en. Lui qui nomme, organise, hiérarchise les autres espèces. Lui qui a créé tous ces concepts. « Espèce clé de voûte, mutualisme, symbiose... : ces notions aident à comprendre les relations, mais ces catégories ont leurs limites, note Benjamin Dujardin. Une espèce est “clé de voûte” selon notre conception de la nature et de la conservation. Cela peut nous empêcher de voir tous les aspects dynamiques des interactions écosystémiques. En plus, celles-ci évoluent. » Le guide invite à une forme de modestie. « L’homme ne connaît qu’une petite partie du vivant. Et même une espèce, après des décennies de recherche, il ne la connaît jamais complètement. Nos sens, notamment, nous restreignent. Notre perception détermine nos connexions avec le reste du vivant. »

Ces connexions à ce foisonnant vivant, on peut les explorer sous d’autres angles, au Muséum. S’attarder sur la biodiversité urbaine, dans l’expo BiodiverCity. Voyager dans le temps, au fil de la Galerie de l’évolution qui retrace six moments-clés de la vie sur la Terre – plus une étape fictionnelle dans le futur. Ou aborder nos liens avec nos ancêtres, dans la Galerie de l’Homme. « Nous portons en nous de l’ADN de Néanderthal », rappelle Benjamin Dujardin.

Infos : www.naturalsciences.be - 02 627 42 34. Outre la visite guidée de Planète Vivante, le Muséum propose diverses animations (voir Adresses utiles).

 

Symbioses 133 Biodiversité

Photo : Thierry Hubin/IRSNB

Articles associés pouvant vous intéresser