Article Symbioses

Stage « petites bêtes » pour petits malins

Septembre 2023, par Christophe Dubois.
Un article du magazine Symbioses n°138 : Insectes et autres petites bêtes

Cinq jours pour découvrir les petites bêtes sous toutes leurs coutures et de toutes les manières. La Symphonie des insectes, un stage organisé par l’association La Leçon Verte.

Une dizaine de marmots pénètrent dans le bois communal de Rixensart, épuisette sur l’épaule. En cette deuxième semaine des vacances de printemps, ils et elles participent au stage La Symphonie des insectes. Cinq jours pour découvrir les petites bêtes sous toutes leurs coutures et de toutes les manières (voir « méthodo »). Chaque matin, l’association La Leçon Verte propose aux enfants de 4 à 6 ans des activités nature pour découvrir ce monde mystérieux par les sens, par une multitude de jeux, de la créativité, des expériences, des histoires… Pendant ce temps, les grands de 7 à 10 ans s’éveillent à la musique avec les Jeunesses Musicales, en chantant sur le thème des insectes, en reproduisant leurs sifflements et autres stridulations, etc. Puis, l’après-midi, on inverse les groupes.

« Attention, on va ouvrir les oreilles, les narines et les yeux », annonce en douceur Caroline Meert, l’animatrice. Le piaillement des oiseaux couvre les bourdonnements des insectes. Ça sent l’ail des ours, déjà en fleur. Caroline sort sa marionnette – Pimprenelle, la coccinelle – et entonne la chanson qui lance systématiquement la journée, accompagnée par les petit·es : « Une coccinelle a-t-elle des ailes ?… » « Vous rappelez-vous ce qu’on a fait hier ? », demande l’animatrice. « On a regardé un lucane cerf-volant et un gendarme avec un appareil [NDLR: un microscope] », répond Charlie, une photo de criquet autour du cou. « Waouw, tu te rappelles de ça, Criquet ! » Chaque enfant est ainsi appelé par le nom de son animal totem : araignée, mille-pattes, papillon… « C’est une façon de créer un lien affectif avec l’animal. »

Avant les averses, direction l’étang, pour ausculter le petit peuple des zones humides. Après quelques consignes de sécurité, chacun·e plonge son épuisette pour pêcher l’une ou l’autre espèce étonnante. Criquet s’imagine déjà chasseur de trésors. « J’ai quelque chose ! », crie-t-il. « Faut pas l’écraser avec nos doigts de géant », prévient Papillon. L’animatrice utilise donc un pinceau pour placer soigneusement le petit être dans une boîte d’observation. Un coup d'oeil sur le poster reprenant les principales espèces de la mare : c’est une larve de demoiselle. « Et ça ? » Une larve de dytique. Puis une aselle : « elle nettoie la mare et ressemble au cloporte qu’on a vu le premier jour. Elle aussi a sept pattes de chaque côté, ce n’est donc pas un insecte », explique l’animatrice. Pas facile d’identifier ces espèces, même avec une clé de détermination. « Mais l’objectif n’est pas de connaître leur nom, souligne Caroline Meert. Le but, c’est surtout de les observer en détail, d’apprendre en s’amusant, de se reconnecter à tous les êtres vivants, de se rendre compte de cette vie minuscule et diversifiée qu’on ne voit jamais. ».

Après un petit jeu sur la chaîne alimentaire – « Qui mange le moustique » –, place au jeu libre en forêt. « Avec les changements de rythmes scolaires, on propose désormais des stages en toute saison. On y aborde systématiquement les petites bêtes, mais c’est la première fois qu’on consacre toute une semaine aux insectes », souligne Caroline, qui accompagne aussi beaucoup de classes en « école du dehors ». C’est déjà l’heure de rentrer. Sur le chemin, Papillon aperçoit un scolopendre sur un arbre mort. Vite, il dégaine une loupe. « Ce qui est génial à cet âge, c’est leur spontanéité, il n’y a généralement pas d’appréhension, sauf pour certains enfants des villes, constate l’animatrice. La peur des insectes, ça viendra plus tard. » Ou pas, grâce à cette captivante semaine.

Infos : www.leconverte.org